1968 a 50 ans, et déjà les multiples rétrospectives et célébrations en tout genre pleuvent sur les ondes et la presse, d'autant qu'en France, les événements du mois de mai ont créé un rapport particulier avec cette année.

1968 est aussi une année musicale particulièrement intense. Sgt Pepper's des n'a qu'un an, mais il a déverrouillé avec une célérité inégalée la créativité des acteurs pop et rock. Le bond qui s'est effectué dans cette année charnière qu'est est immense, on ne connaîtra pas une évolution sonore et créative aussi rapide dans les cinquante années qui ont suivi.

Les albums qui ne seront pas dans ce top 1968

Faire un top albums de 1968 ici, n'avait de sens que si l'on écartait d'emblée ceux que l'on aurait mis si l'on avait fait un top album rigoureux.  Sans vouloir divulgâcher le résultat, il n'y aura donc pas l'album que je considère le meilleur de 1968, et qui est encore celui des Beatles – le communément appelé double blanc. Mais parlons en quand même. Alors que Sgt Pepper's ouvrait la voie à la surenchère , The Beatles, lui, effectuait comme une sorte de retour vers plus de pureté en se débarrassant des ornements sans pour autant lâcher sur la créativité. Et quand bien même il contient les pires chansons des Beatles (Obladi Oblada et Goodnight), il reste leur meilleur album en partie car il ouvre la voie à plusieurs décennies de musique rock et indé. Il est aussi celui qui contient le plus de chansons mésestimées, je pense entre autres à Glass Onion, Savoy Truffle, Mother's Nature Son, etc.

Il n'y aura pas non plus Beggar's Banquet des Rolling Stones, qui, redescendus de leur trip après le honteusement mal aimé Their Satanic Majestic Request, sont aussi revenus à leurs sources. Du Rock'n'Roll qu'ils ont réussi à magnifier dès Sympathy for a Devil… et je pourrais parler des heures de la slide sur Jig Saw Puzzle. Si quelques années plus tard, il arriveront à créer une sorte d'album étalon avec Sticky Fingers – l'album qu'il faut écouter quand on se demande, « c'est quoi les Rolling Stones ? »- Beggar's Banquet est à certains égards bien plus audacieux, et incontestablement la bande son de 1968.



Exit aussi les autres albums incontournables White Light/White Heat des Velvet Underground, Electric Ladyland de Jimi Hendrix, The Kinks Are The Village Green Preservation Society de The Kinks, Astral Week de Van Morisson, At foltom Prison de Johnny Cash, S.F Sorrows des Pretty Things... et aussi Odessey and Oracle de The Zombies, moins connu à l'époque, mais tellement célébré depuis.

Vous l'aurez compris, ce best of albums de 1968 sera celui des albums qui n'ont pas connu vraiment de succès en 1968 mais, pour la plupart, que l'on a réhabilité avec force depuis quelques années… il n'y aura donc pas de vraies raretés, plutôt une bande son personnelle, avec des albums qui m'ont vraiment accompagnés… une liste complètement subjective donc, mais qui révèle toutegois que les expérimentations psychédéliques étaient loin d'être terminées en 1968, même si elles pouvaient s'étoffer d'arrangements somptueux – et presque classiques – pour donner ce qu'on appellera plus tard la .

Chrysalis Definition

15 – Chrysalis – Definition

Cet album Zappaïen des New-yorkais Chrysalis fut le sujet d'une chronique sur ce site, et on peut la lire ici.

tomorrow - tomorrow

14 -Tomorrow – Tomorrow

L'unique album du groupe anglais Tomorrow, publié par Parlophone et enregistré par Geoff Emeryck (ingénieur du son des Beatles), avait tout pour se mettre dans les sillons des 4 de Liverpool… sauf le succès. Maintenant considéré comme un chef d'œuvre psychédélique, il est même souvent cité dans les top 1968 plus « mainstream ».

Pochette de The Moon Without Earth

13- The Moon – Without Earth

Ce disque du groupe Californien The Moon, a du mal à connaître une réhabilitation à son niveau. Nous en avions parlé ici. Totalement dans l'époque.

Tom rush - The Circles Games

12 -Tom Rush – The Circle Games

Très certainement un des albums les plus connus de cette liste, étant que le 08-06-68 il est arrivé 68ème dans le Bilboard 200. Album de très grande qualité, qui contient le standard No regret qui sera repris par de multiples artistes. Le reste des chansons écrites par Joni Mitchell, James Taylor ou Jackson Browne… que du beau monde!

the millenium - Begin

11 – The Millenium – Begin

Ce disque de Sunshine Pop a tellement été réhabilité qu'on en oublierait qu'il n'a quasiment pas été vendu. Il y avait pourtant Curt Boettcher à la production et plusieurs des « membres » de Sagittarius, dont Gary Usher.  Les critiques l'avaient acclamé à la sortie, mais Begin ne connaîtra son heure de gloire qu'à la fin des années 90.

Richard Harris A Tramp Shining

10 -Richard Harris – A Tramp Shining

L'album qui s'est certainement le plus vendu de ce top. L'acteur anglais qui incarnera trente ans plus tard Dumbledore dans le premier Harry Potter avant de s'éteindre brutalement, a enregistré en solo ce premier album magistral mêlant pop et musique classique. Le single Mac Arthur PArk devint numéro 2 au Bilboard. A l'écart de la vague pop baroque et psychédélique, A Tramp Shining n'en est pas moins incontournable.

Del Shannon - Charles Westover

9 – Del Shannon – The Further Adventures Of Charles Westover

Le grand écart du chanteur à minettes Del Shannon. On en a parlé longuement ici.

July

8 – July – July

Encore un groupe dont a l'impression qu'il a toujours été connu. Pourtant les londoniens de July ont traversé l'année 68 avec leur unique album sans jamais avoir connu le moindre succès. Cet album pop psychédélique est pourtant devenu culte à partir des années 80 et a connu de multiples rééditions. Incontournable autant pour la musique que sa pochette ultra colorée.

HP LOVECRAFT II

7 – H. P. Lovecraft – H. P. Lovecraft II

Même si le groupe de , immigré en 1968 à San Francisco, faisait de nombreux concerts  en , leur deuxième album s'est encore moins vendu que le premier. L'on a redécouvert ce groupe au début des années 2000 grâce à la réédition de Rev-ola, et c'est incontestablement une de leur plus belles trouvailles. Psyché et sombres, les deux albums de H.P. Lovecraft sont indispensables.

afro harping

6 – Dorothy Ashby -Afro-Harping

La harpe dans le , ce n'est déjà pas fréquent, mais jouée par une femme noire encore moins. Dorothy Ashby, fut pourtant celle qui fait de la harpe un instrument jazz, et tout son art est magnifié dans l'album Afro Harping, qui est loin d'être son premier. Mais c'est aussi le plus soul et c'est pour ça qu'on l'aime…

pochette de woulld you believe de Billy Nicholls

5 – Billy Nicholls – Would You Believe

Le précoce Billy Nicholls, qui n'a vendu aucun disque en 1968, bat toujours les records de vente pour les pressages originaux de Would you Believe, on en a parlé ici.

Pochette de Theo outsiders - CQ

4 – The Outsiders – CQ

Le chef d'oeuvre rock du groupe néerlandais The Outsiders a fait l'objet d'une des première chroniques de ce site, et c'est ici.

duncan browne

3 – Duncan Browne – Give Me Take You

On ne se remettra jamais de la première écoute de cet album et de la collère qu'il suscite lorsque l'on sait qu'il est passé totalement inaperçu. Duncan Browne, qui opéra plus tard dans Metro, avait pourtant réalisé un bel album pop baroque, avec des mélodies dignes d'un Paul McCartney, rien que ça !

silver apples

2 – Silver Apples – Silver Apples

L'influence de Silver Apples fut énorme, autant pour la musique électronique des années 70 que pour le rock indé ou bien le trip hop. Le duo, premier du genre à utiliser la musique électronique, a créé deux albums incontournables, devenus références, jusqu'au dernier album de Portishead.

Margo guryan

1 – Margo Guryan – Take a picture

L'unique album de Margo Guryan est une réussite pop à tout point de vue, et il aurait connu un franc succès si son auteur l'avait voulu. Mais l'auteur-compositrice et interprète de Take a picture n'a pas voulu faire de promo. Avec le recul, on se dit que c'est peut-être le plusbeau geste qu'elle a fait : enregistrer une perle pour qu'elle ne soit découverte que 30 ans plus tard, être reconnue à sa juste mesure pour son talent sans qu'aucun élément extérieur ne vienne perturber ce jugement. Si Take a picture est depuis devenu culte, que ses chansons ont été reprises par pas mal d'artistes, et que l'influence continue jusqu'à notre Melody Echo Chamber nationale, c'est parce qu'il ne souffre d'aucun défaut.




D'autres albums de 1968 qui sont restés à la porte du classement