Frank Zappa n’a pas encensé que les inaudibles – mais ô combien excellentes – Shaggs, il avait, dans les années soixante, un très grand faible pour ce groupe New Yorkais formé à l’université, Chrysalis. Il faut dire que le leader/songwriter de ce groupe, Spider Barbour, avait collaboré avec le maître Zappa sur Lumpy Gravy et We’re only in it for money, ce qui aide.
Chrysalis est formé de Nancy Haim au chant, Paul Album, à la basse, Dahaud Shaar aux percussions, Jon Sabin à la guitare et mandoline, Ralph Kotkov aux claviers et donc James Spider Barbour, à la guitare rythmique et au chant. Une grande formation donc.
Chrysalis réussit à signer chez MGM Records, label qui cherche désespérément à rajeunir son catalogue. Zappa aurait bien produit le groupe, mais comme il était en bisbille avec MGM, il s’est abstenu. Il en fut de même pour Joshua Rifkin, et c’est finalement Jim Friedman, compositeur pour Judy Collins et Shawn Philipps (et des décennies plus tard pour Nana Mouskouri) qui se colla aux manettes.
L’album Definition est un chouette concentré du carrefour musical qu’est cette année 1968. L’influence de Zappa est certes très forte, mais elle est subtilement mélangée à une pop-folk souvent enjouée, même si quelques titres sont plus mélancoliques (Lacewing).
Le songwritng de Barbour est d’une maîtrise totale, c’est à la fois très complexe mais aussi très mélodique. Le duo vocal Barbour/Haim est harmonieux, et on n’est pas loin de penser à Eclection, avec un petit grain de folie en plus. Folie somme toute bien balisée par des musiciens précis et, encore une fois, des compositions extrêmement bien écrites.
Definition est psychédélique mais par la diversité des ambiances musicales qu’il propose et non par l’expérimentation. On se demande, près de 50 ans plus tard, ce qui a empêché ce disque de connaître le succès. C’est encore une fois le label Rev-Ola qui l’a sorti de l’ombre en 2005. Un deuxième album devait voir le jour, mais n’est resté qu’à l’état de Démo, démo qui eussent du être éditée par le label de Joe Foster mais qui sont restées lettres mortes.
Chrysalis s’est séparé en 1970, et ses membres se sont quasiment tous éloignés de la musique. Ce qui est un grand gâchis vu l’excellence du seul album que nous avons à l’écoute.
La version Cd contient des bonus intéressants, la version vinyle, elle, ne se trouve qu’en pressage original, à un prix moyennement élevé