La parution de l’unique album de Christophe Talon, alias Saturnin, et l’indifférence du public qui en a suivi, est une des plus grandes injustices musicales du début de ce siècle. Il faut dire que cet album cumule deux handicaps : il est sorti un poil trop tôt par rapport au revival psyché qui a lieu depuis 4-5 ans, (Avec Jacco Gardner, Orval Carlos Sibelius et Forever Pavot, pour ne citer qu’eux) et il est chanté en français.
Pourtant, ce multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur, avait tout mis de son côté pour produire un album ciselé comme un joyau. Et cela commence par la composition extrêmement ingénieuse avec des mélodies presque familières sur un accompagnement jamais en repos. La voix fluette et discrète de Saturnin est littéralement portée par des arrangements foisonnants, des rythmes brisés. Du rock progressif, il n’a gardé que les constructions baroques, mais jamais il ne tombe dans la démonstration. Et surtout, l’ensemble est joyeux, jamais pédant. On pense à Ange, mais du Ange qui ne se prendrait pas au sérieux, du Ange débarrassé des extravagances de Christian Descamps.
De fait, les paroles, poétiques et parfois un peu perchées, ne sont pour autant pas grandiloquentes. Et, surtout, le français se coule très bien dans des mélodies qui ne font pas chanson française, une prouesse.
Bien que que quelques critiques eussent bien accueilli l’album, comme les inrocks ici, Saturnin n’est jamais sorti de l’anonymat.
On trouve encore le cd, sorti chez Discograph , en vente ici , il serait dommage de passer à côté.
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