De tous les disques jamais édités dans les années 60 et redécouverts des décennies plus tard, celui des Aerovons est très certainement le plus célèbre et le plus cité – il n’y a guère que Billy Nicholls qui peut prétendre, avec Would you Believe, à un tel succès post même pas mortem. En 2003, en effet, le label RPM fait l’impensable, éditer pour la première fois Resurrection, cet album dont certains avaient entendu parler et qui nourrissait tous les fantasmes. Pensez-donc ! The Aerovons, c’est le groupe de Tom Hartman, ils commencent en 1966 : les membres ont à peine 14 ans ! Tom Hartman, est un fondu des Beatles. Ce qui, à l’époque, était assez courant, même dans le Missouri natal d’Hartman. Mais ce bon Tommy ne se contente pas d’être fan, il a aussi son groupe. Et en plus, il compose et il chante, le bougre. Et c’est foutrement bon. En 1967, sous l’impulsion de la maman de Tom, The Aerovons enregistrent une démo avec un titre original. Mais les Aerovons veulent enregistrer à Londres, et même carrément dans les studios d’Abbey Road ! Qu’à cela ne tienne. La maman de ces ados attardés et néanmoins talentueux, fait des pieds et des mains pour décrocher une audition. Et c’est ainsi qu’en 1968, The Aerovons – les gamins ont 16 ans ! – vont à Londres et se font remarquer par EMI et Decca. Rien que ça ! En 1969, ils enregistrent pour EMI, dans les studios d’Abbey Road : le rêve se réalise. Mais le guitariste, Bob Franck, se casse avant l’aventure. Tant pis, on ira sans lui.
Le groupe de gamins, sûrement accrocs au Biactol, va donc enregistrer dans les studios jouxtant ceux de leurs idoles – qui enregistrent à l’époque le fameux Abbey Road. Et le résultat est… un album des Beatles qui se situerait entre Rubber Soul, le White album et Lady Madonna. Certains morceaux sont complètement affiliés. With Her pourrait être une version d’And I love her revue par The Rutles, Word from a song, est une resucée de This Boy, Resurrection commence comme Being for the benefite of Mister Kite et se poursuit comme un plagiat de Across the Universe.
Plus étonnant, Say Georgia est typiquement un plagiat de Oh Darlin, seulement ce dernier titre n’étant pas sorti encore à l’époque, on en vient à se demander si The Aerovons n’avaient pas entendus leurs maîtres répéter dans le studio d’à côté. Tom Hartman jure que non.
Mais alors, si Ressurrection n’est qu’une pâle copie des Beatles, pourquoi tant de ferveur ? C’est que, déjà, il est bien produit, et ne fait pas amateur pour deux sous, en dépit du jeune âge des membres du groupe. Ensuite, le songwriting, quoique très fortement influencé, est quand même très prometteur. Nul doute que si le groupe avait persisté, on en aurait entendu parler.
Car, bien évidemment, le groupe a splitté avant même que le disque ne sorte. Le batteur et l’autre guitariste ayant repris leur indépendance au retour d’Angleterre, EMI n’a pas jugé bon sortir l’album alors qu’un single a déjà paru.
Un véritable gâchis réhabilité 34 ans plus tard. Resurrection est un album qui s’écoute avec cette sensation de « déjà entendu ». Mais douze ans après l’avoir découvert – et beaucoup écouté – je trouve qu’il y a toujours un je ne sais quoi qui fait que l’album dépasse la copie, le plagiat ou, pire, l’anecdotique. Quand on pense que ces gamins n’avaient pas atteint 18 ans, on se dit qu’il y avait sûrement une belle carrière qui s’annonçait. Mais, en dépit d’une Maman protectrice qui a forcé quelque peu le destin, si Resurrection est resté lettre morte, c’est avant tout par la jeunesse et l’inconstance des membres du groupe (ce qui les différencie, justement, des Beatles au même âge).
Tom Hartman a réalisé en 1971 un Single introuvable, Sunshine Woman, resucée de… Jumpin jack Flash des Rolling Stones !
Le CD de Resurrection est encore trouvable neuf sur Internet, la version numérique légale aussi. On attend une réédition vinyle qui pourrait redonner une troisième vie à cet album mort-né.
Quelques articles (En français) lors de la réédition et ultérieurement:
http://www.sefronia.com/album/the_aerovons/resurrection.htm
http://planetgong.fr/article-aerovons-resurrection-100760718.html