Comment aborder cet album culte, que sûrement beaucoup de lecteurs assidus de ce blog (oui oui, il y en a) connaissent. D’abord la pochette. On pourrait croire à des prémisses soft des jeunes filles de Virgin Suicide de Sofia Coppola. Des jeunes femmes aux coiffures enchanteresses, quoique datées, dont le regard semble perdu dans quelques pensées romantiques, aussitôt évaporées. Ensuite le nom du groupe aux sens multiples, The Feminine Complex, furieusement en avance sur son temps, même si aucun groupe ne songerait à s’appeler comme ça aujourd’hui. En même temps, The Feminine Complex est composé uniquement de femmes. 1968, un all-girl band, ce n’est malheureusement pas commun.
Retraçons un peu l’histoire, enfin la légende, car même si on a eu quelques témoignages, on ne sait pas tant de choses que ça sur ce groupe. Mindy Dalton ( guitare / chant ) , Judi Griffith (Tambourin / chant) , Lana Napier (batterie / chant ) , Pame Stephens (orgue / chant) et Jean Williams (basse / chant), se sont rencontrées à l’université, à Nashville dans le Tennessee. Elles jouent dans la même équipes de baskets. De grandes filles donc, peut-on en conclure. Elle tournent un peu dans des concerts locaux en 1966-1967, puis sont signées chez Athena Records où elles enregistrent donc, en 1968, Livin’ Love. Manque de bol, elles se séparent à l’automne, lorsque reprennent les cours, c’est qu’il ne faut pas mollir ma bonne dame, et préparer son avenir. C’est pas avec un métier de saltimbanques que vous allez vous en sortir, hein ?
L’album, lui, sort tranquillement en 1969. Deux singles ont un peu marché dans les charts, I’ve been working on you :
Ainsi que la chanson tubesque I won’t run :
Mais, il faut bien le dire, The Feminine Complex n’a connu son heure de gloire qu’à partir de 1996, date à laquelle laquelle Teenbeat Records a ressorti Livin’ Love. Mais, une fois de plus, c’est Rev-ola qui, en 2004 a vraiment remis au goût du jour cet album étonnant pour plusieurs raisons. Déjà, il est extrêmement bien produit, et bien mieux produit que beaucoup d’albums faits à la va-vite dans ces années-là. Ensuite, les compositions originales de Mindy Dalton sont tout simplement de petites perles de soul et de pop. Enfin, le tout est très bien exécuté, voire trop bien joué. Il se dit, d’ailleurs que ce sont des requins de studios qui jouent à la place des filles sur l’album (sauf Mindy Dalton), il s’est même dit que l’album avait tout simplement été enregistré que des années plus tard, et pas par le groupe. On a même dit d’ailleurs, que le groupe n’avait pas existé. D’ailleurs vous n’avez rien entendu. Surtout ne le répétez pas.
L’album original est pourtant bien sorti en 1969 par Athena et on peut le retrouver ici à un prix prohibitif.
Il n’y a pas de raison objective, en tout cas, pour refuser d’écouter Livin’ love, qui est un album absolument indémodable, et qui peut, pour peu que votre fessier soit réceptif aux beats, vous faire remuer sur un dancefloor coloré.