Il est étonnant, en fin de compte, que l’on parle assez peu du rock canadien, même si l’influence de Neil Young est énorme. Kensington Market est un groupe formé à Toronto par Keith McKie après qu’il s’est séparé de The Vendettas, Gene Martynec, de Bobby Kris & The Imperials , Luke Gibson du groupe de blues Luke & The Apostles, Alex Darou et Jimmy Watson. Nous sommes en 1967, le groupe joue un peu dans les cafés et les universités. Après une poignée de 45 tours, ils enregistrent Avenue Road, un album produit par Felix Pappalardi. 10 chansons au songwrting chiadé, un peu baroque, un peu jazzy, et aux arrangements riches. Pour exemple Aunt Violet’s Knee, avec ces cordes et vents qui ne sont pas loin de faire penser aux meilleures heures de Curt Boettcher.
Plus pop que psychédélique, malgré quelques envolées dissonantes et burlesques (Looking glass), Avenue Road est souvent plus subtil que de nombreux albums de la même année : le sitar reste discret et n’est surtout pas systématique, les parties de guitares sont éloquentes sans être extravagantes, les mélodies sont chantantes mais ne sentent pas la fleur entre les dents. En ce sens, pas sûr que l’on daterait Avenue Road en 1968 à la première écoute. Il a pourtant connu un succès d’estime dans son pays, (39ème dans les charts tout de même). Et on s’étonne qu’il n’ait pas été plus mis en avant que ça par Warner, leur maison de disque, alors que les tournées s’enchainèrent aux États Unis.
Leur second album, Aardvark, paru en 1969, est à peine moins intéressant, mais ne connut aucun succès. Et il marque la fin du groupe.
Keith McKie et Luke Gisbon ont continué une carrière solo, avec notamment pour ce dernier l’album Another Perfect Day, Gene Martynec, lui a connu plus de succès avec la production.
Les deux albums ont été réédités en cd en 2008, et l’on trouve les LP originaux à des prix très variés.