Figurez vous que, en dépit certainement des apparences, Michael Yonkers, né en 1947, est une légende. Une légende du rock garage plus exactement. Vous n’étiez pas au courant, occupé que vous étiez, sans doute, à écouter 13th Floor Elevators en cachette, ou encore, plus rebelle, The Seeds, décortiquant, peut-être, chaque groupe inconnu des compilations Nuggets, à moins que, honteux admirateur de Supertramp, vous ne saviez même pas que le rock garage existât avant de lire ces lignes (et donc comment diable êtes vous arrivé là?).
Quoiqu’il en soit Michael Yonkers a enregistré Microminiature Love en 1968, mais l’album n’a été publié qu’en 2002 par De Stijl et c’est en 2002 que Yonkers est devenu une légende. Car au début des années 2000 le nombre de Christ du rock ressuscités a littéralement explosé, et chacun est devenu une légende dans un cercle restreint de personne qu’Internet a eu tendance à agrandir.
Expérimentateur maîtrisé d’instruments et de sonorités de toute sortes, Michael Yonkers a d’abord commencé donc, à faire du garage rock un peu gentillet avec un groupe nommé Michael and the Mumbles. Avec à la clé un album enregistré en 1966 publié en 2009 (le temps de latence est très long chez cet artiste). Puis, en 1968, Microminiature love, avec deux acolytes, l’un à la basse, l’autre à la batterie. Un vrai trio garage, donc! Mais là où l’album est remarquable, c’est qu’il ne se contente pas de fournir une musique âpre et dépouillée, il se détourne avec habileté de toutes les caricatures de l’époque. A l’écoute, on a la délicieuse sensation d’être dans un lieu connu et pourtant d’être dérangé à chaque instant. Ça ne fait pas qu’ « envoyer du bois », ça appelle quelque chose de plus profond et d’inquiétant.
Yonkers continuera à produire une multitude d’albums confidentiels, tous publiés quelques années après leur enregistrement, expérimentant toujours plus de sonorités, mais s’orientant vers une folk abrasive… on parlera de l’album Grimwood ici, un autre moment.
Toute l’oeuvre de Yonkers serait restée complètement inconnue sans l’opiniâtreté de De Stijl Records.L’album Microminiature Love se retrouve en vinyle grâce à Subpop. On peut télécharger les bonus de la version cd – indispensables, car excellents – si on achète le vinyle.
Vinyle que l’on trouve ici
Pour en savoir plus (en anglais)
La critique de l’album de Pitchfork (si c’est pas la classe, ça)
Une page qui en parle (parmi tant d’autres)