Culte pour les uns, totalement inconnu pour les autres, le groupe britannique Cardiacs ne peut laisser indifférent lorsque l’on les écoute. Et si l’on consacre un article spécifique, c’est parce que l’on peut enfin écouter leur discographie sur les plateformes de streaming depuis ce week-end. Jusqu’à maintenant, leur catalogue n’était disponible que sur Bandcamp, ce qui est déjà pas mal, tant on aime cette plateforme qui travaille réellement au service des artistes et des labels.




Punk progressif ou punk psychédélique

Mais, il faut bien l’avouer, je voulais rendre aussi un hommage à ce groupe et surtout à son leader, Tim Smith, décédé en juillet 2020 à l’âge de 59 ans. Je me souviens avoir entendu pour la première Cardiacs en 1991, sur une radio parisienne rock, concurrente de Ouï FM et donc je ne me souviens plus le nom. Le morceau qui passait alors – et qui ne me semble pas être sorti en single – était Goodbye Grace. Je me demandais bien qui étaient ces zozios qui faisaient du Punk avec des accents de Frank Zappa ! J’avais acheté l’album contenant ce titre, Heaven Born and Ever Bright, et l’ai écouté en boucle.

Et puis, je n’ai plus guère entendu parler de Cardiacs. La fameuse radio ne diffusait plus aucune musique, il n’y avait pas encore Internet, et puis personne ne connaissait Cardiacs autour de moi.

Pochette du deuxième album de The cardiacs

Pourtant le groupe existe depuis 1977, il est fondé par les frères Smith, Tim et Jim (ça ne s’invente pas). Et dès leur premier single en 1979, sous le nom de Cardiac Arrest, le style punk psychédélique est posé. Cela s’appelle A Bus For a Bus On a Bus, et il n’est pas simple d’en trouver un exemplaire.

Démesures en mesure

Le groupe publie deux albums en Cassette. Le premier, Toy World, (1981) est une cassette faite maison et vendue exclusivement pendant les concerts. Il ne figure même pas sur la liste officielle et n’a pas été réédité. Le deuxième, The Seaside, (1983) n’a lui connu une réédition qu’en 2005.  A cette époque, le line up devient un sextet composé de Tim Smith (chant et guitare), Jim Smith (basse et chant), William D. Drake (claviers et chant), Sarah Cutts devenue Smith en épousant Tim (saxophones et chant), Tim Quy (percussions et basse) et Dominic Luckman (batterie).

Mais c’est sur scène que le groupe donne pleinement à voir sa démesure, car, non content de fournir des chansons complètement déstructurées et habilement éxécutées, il les met en scène de manière théâtrales, impliquant maquillages et uniformes.

Le dernier album studio du groupe, Guns, paraît en 1999, suivi d’un excellent live en 2004, les Garage Concerts en 2004. D’autres projets auraient pu voir le jour, mais une attaque cardiaque a lourdement affaibli Tim Smith qui ne pourra plus remonter sur scène jusqu’ à son décès l’année dernière.

On peut ne pas accrocher du tout à la musique de Cardiacs, qui une musique un peu épileptique. Il y a aussi la voix de Tim Smith qui peut parfois faire penser à un personnage de dessin animé ce qui peut être déroutant. Mais il me semble difficile de ne pas être admiratif du foisonnement que contient chaque chanson. Ca part dans tous les sens et pourtant aucune goutte d’énergie est perdue. Il y aussi ce son qui ne change quasiment pas en près de trente ans de discographie. L’écoute est à la fois fatigante et addictive, un peu comme The Thugs (qui eux sont bien plus linéaires). Il y a mille idées à la minute , et l’on se demande comment tous les musiciens pouvaient retenir la structure des morceaux !

Le groupe qui possède son propre label depuis les années 80, a réédité leurs albums en vinyle qui sont vendus sur leur site. Bref il n’y a plus aucune raison pour ne pas réécouter ce groupe hors du commun.

Discographie sélective

  • The Seaside 1984
  • A Little Man and a House and the Whole World Window 1988
  • Heaven Born and Ever Bright, 1991
  • Sing To God Vol I & II
  • Garage Concerts Vol I & II