Bien que Would you believe est très certainement connu de tous les aficionados de raretés de la pop baroque, voire de la pop tout court, c’eût été une injustice que de faire l’impasse sur le premier album de Billy Nicholls, qui est déjà un injustice à lui tout seul.
Billy Nicholls a tout juste 16 ans, en 1966, lorsqu’il réussit à approcher George Harrison pour lui faire écouter sa musique. Ce dernier est épaté et le présente à Andrew Oldham, le manager des Rolling Stones. Ça aurait pu commencer plus mal. Oldham rêve de faire la réponse anglaise du Pet Sounds des Beach Boys, qui était déjà plus ou moins une réponse chiadée au Rubber Soul des Beatles (vous suivez ?). On allait voir ce qu’on allait voir, donc, ou plutôt entendre.
Et pour ça, on met les moyens. Car les musiciens qui accompagnent le jeune Billy, sont les membres de Small Faces, groupe connu mais encore sous estimé de nos jours. John Paul Jones et Nicky Hopkins viennent prêter main forte. On a donc la crème anglaise de la pop, ou plutôt la crème de la pop anglaise qui se retrouve sur cet album. Les chansons de Billy Nicholls sur Would you believe, sont de petits joyaux aux mélodies accrocheuses. On est certes loin du projet initial, à savoir un Pet Sounds anglais, mais on est quand même surpris de se dire que cet album, à la distribution alléchante et aux morceaux léchés, est passé à la trappe.
Car, voilà, le label qu’a cofondé Oldham, Immediate, a quelques difficultés financières. Et l’on a mis le paquet sur la promo de l’album des Small Faces, sorti juste avant. Du coup, Would you believe est pressé à quelques exemplaires promotionnels et est à peine distribué. Ce qui fait que ces exemplaires se sont retrouvés dans des enchères quelques années plus tard à des sommes faramineuses (près de 2000 euros).
Il a donc fallu attendre 1999, soit plus de trente ans après sa sorti initiale, pour que nous puissions de nouveau écouter ce chef d’œuvre. Car, oui, Would you believe peut au moins jouer dans la même cour qu’ Odessey and Miracle des Zombies, on est très loin de l’anecdotique, de la curiosité auditive. Pour preuve le dernier morceau de l’album, It Brings me Down, qui est tout simplement un joyau cristallin.
Billy Nicholls a continué à faire quelques albums moins prodigieux, sous son nom ou avec White Horse dans les années 70. Il sort encore des albums au 21ème siècle, mais qui ne font pas parler de lui. Il est et reste malheureusement l’homme d’un miracle oublié, qui, de part justement cet oubli, s’est retrouvé coincé. Comment pourrait-il en être autrement ? Quand à 18 ans on enregistre une œuvre aussi aboutie, mise au ban pour une sombre histoire d’argent, il doit être bien difficile de remonter la pente.
L’ironie du sort c’est que le CD de la réédition en 1999 est lui aussi en passe de devenir un peu collector comme en témoigne la disparité de ses côtes, puisque ça va de 22 à plus de 100 euros. Une réédition en vinyle s’impose donc, comme souvent !
Et on termine par un passage télé de l’époque avec la version single du titre phare de l’album, version un chouille moins travaillée que sur l’album convenons en.