Au début des années 2000, en lieu et place d’apocalypse ou d’un éventuel retour du messie, nous avons assisté à une résurrection de chanteuses, plutôt folk, comme nous l’avions déjà évoqué lors de notre chronique sur Susan Christie. Linda Perhacs et Vashti Bunyan avec, alors, leur unique album inconnu ont réapparu comme par magie, et elles ont même recommencé à faire des disques alors que leur carrière était complètement abandonnée depuis des décennies.
Pour Sibylle Baier, il ne semble même pas qu’il y ait une carrière d’envisagée. Elle enregistrait simplement, au début des années 70, en Allemagne, son pays d’origine, des chansons, seule avec sa guitare. Et c’était beau à pleurer. Mais personne, ou presque, ne le savait. Sibylle, a préféré élever ses enfants, et on ne peut pas lui en vouloir. Ce n’est qu’en 2004 que son fils, qui, lui, avait écouté les chansons, les offrit à sa mère s gravées sur un CD. CD qui atterrit un jour chez Orange Twin Records qui le publia en 2006.
Un dénouement heureux, pour un album empreint d’une grande mélancolie qui pourrait faire passer Nick Drake pour un joyeux drille. Mais la beauté des chansons, vêtues de rien, évite de nous rendre triste. La musique extrêmement délicate et la voix si habitée de Sibylle Baier remplissent au contraire notre vide émotionnel. Et nous lui sommes reconnaissants de nous offrir des chansons sans aucun superflu, d’avoir laissé le temps au temps pour que jamais ces joyaux ne s’abîment.
Sibylle Baier vit maintenant aux États Unis et a pris la nationalité américaine. Peut-être enregistrera – t-elle de nouveau, et en attendant une réédition vinyle de Colour Green, le cd de ce chef d’œuvre intimiste, lui, est toujours disponible.