La nous réserve bien des surprises, et son iconoclaste projet Belaboris, mérite que l'on s'y penche. Il y a tout juste dix ans, le Records nous gratifiait d'une belle rétrospective des quelques singles qu'a sorti ce groupe – dont on va découvrir l'étrange histoire – dans le début des années 80.

Comme d'autres pays européens, la Finlande  a connu un engouement pour la synthpop et le rock gothique. Il y exista même une sorte de vie nocturne futurtiste/néo romantique. Voulant surfer sur cette vague, un producteur du cru, Kimmo Miettinen, sorte de Malcom MacLaren local, décidé de monter un groupe de toute pièce. Un , enfin, plutôt un groupe composées de filles avant tout photogéniques. Car la musique sera exécutée par des musiciens professionnels.

L'aspect plastique – et sexiste – de l'opération, est franchement mise en avant. Sur les 5 femmes du premier line up, deux ne chanteront pas, mais apparaîtront sur les photos. Pour le nom du groupe, on a pris le prénom de deux acteurs de films d'horreur, Bela Lugosi et Boris Karloff., et le tour est joué, Belaboris est né.

Le groupe qui accompagnait Belaboris était, lui, un groupe New Wave local appelé Tyhjät Patterit (qui se traduit par Batterie vide). Le compositeur principal était Esa Ijäs (guitare, synthétiseur) avec ses coéquipiers Ari Ijäs (basse) et Martti Jalonen (batterie).

Le premier single Kuolleet Peilit / Monsteribaari sort en novembre , suivi en fevrier d'un autre Odotus, dont la face B n'est autre qu'une reprise fantasque de Gainsbourg chantée par France Gall, Babypop.

Mais, comme c'est souvent le cas pour les disques chroniqués ici, ces singles n'ont eu aucun succès, en dépit de l'aspect mercantile de l'opération.

Un album allait être enregistré, mais comble de malchance, Esa Ijäs est tombé malade juste pendant les sessions d'enregistrement. Dès lors, les « membres » féminins du groupe quittent peu à peu le navire. Qu'à cela ne tienne, Kimmo Miettinen reforme un line up, avec une chanteuse, Saaa Soisalo, une choriste, Sallamaari Muhonen, et Minna Soisalo, officiellement support moral du groupe ! Cette nouvelle version de Belaboris enregistre un petit single en 1984 et puis l'histoire se termine.

Reste donc une poignée de chansons, entre synth pop et cold wave, chantées en finnois tout de même, ce qui confère à l'ensemble une tonalité particulière. Quelques morceaux sortent vraiment du lot, comme Odotus et Monsteribaari, mais l'ensemble reste intéressant. On pourra regretter que la de Dark Entries ne soit pas une rétrospective complète. Pour cela il faudra dépenser un peu plus et trouver la compilation du label Finnois Lipposen Levy Ja Kasetti, Olipa Kerran – Koko Tuotanto, plus rare à dénicher. Mais elle contient aussi une version de Venus (de Shocking blue) dans la langue du pays du Père Noël, ce qui peut valoir l'investissement !

BelaborisOnce Upon A Time
Dark Entries – DE-041

BelaborisOlipa Kerran – Koko Tuotanto 
LIPPOLEVY 096