Une des particularités de la scène rock française des années 70 est d’avoir généré pléthore de groupes de rock dit progressifs. Or la simple évocation du style progressif à partir des années 90 donnait de l’urticaire à tout mélomane qui se voulait branché. Alors le progressif français, n’en parlons pas. Seul Magma pouvait générer un peu d’admiration. Mais Ange, par exemple, pouvait passer pour franchement ringard et pompier.
Heureusement il y a toujours eu des fous furieux fans des envolées lyriques, des structures complexes, des mélanges de genres, des velléités symphoniques… qui ont fait en sorte que l’on n’oublie pas la foisonnante activité musicale de l’époque qui n’a pas malheureusement pas connu son heure de gloire.
C’est le cas du label Musea qui, depuis 1986, fait en sorte qu’un public, certes initié mais mondialisé, puisse découvrir des albums souvent intéressants, parfois somptueux qui ont été peu ou pas distribués.
Sans Musea personne n’aurait donc entendu parler d’Arachnoïd dont l’unique album paru l’année du split du groupe, alors qu’il roulait sa bosse depuis la fin des années 60. Né en banlieue parisienne de l’amitié entre Michel Pilot et Patrick Woindrich, le groupe a changé plusieurs fois de répertoire pendant la décennie, et aussi de personnel. En 1977, lors de l’enregistrement de l’album, Michel Pilot est parti et le groupe se compose de François Faugières (orgue, vocal)/ Pierre Kuti ( piano, synthé)/ Marc Meryl ( lead vocal, tambourin, scénographie )/ Bernard Minig ( batterie, percussions)/ Nicolas Popowski (guitare, vocal)/ Patrick Woindrich (basse, guitare, vocal). L’album sort en 1979 en plein mouvement Punk sur un petit label, Divox, et le groupe se sépare. Fin.
Depuis, Arachnoïd est considéré comme l’un des meilleurs albums de rock progressif de l’époque. Et pour cause, il a pour particularité d’imposer une ambiance très sombre, ce qui a tendance à trancher avec certaines formations plus illuminées. Les paroles, majoritairement en français, sont certes un peu alambiquées mais jamais naïves. La noirceur n’est pas surjouée, ce sont au contraire d’habiles compositions et surtout une interprétation extrêmement soignée qui confèrent à l’ensemble une ambiance véritablement dramatique et hypnotique.
Régulièrement réédité en cd (avec bonus) et en vinyle, on peut trouver facilement cette pièce incontournable de rock symphonique.