Et soudain l’envie de boire une Guiness dans un pub anglais. Ou plutôt, pas envie de bouger de chez soi mais juste de boire une guiness avec une musique qui irait bien avec. Le premier album du duo John Otway et Wild Willy Barrett pourrait être le vinyle que vous mettriez alors sur votre platine pour ce soir – mais ce soir seulement – vous abreuver de bière. Car il est peu d’album non pop aussi typiquement british. Si on a l’impression au premier abord que l’on va se coltiner une énième galette de country fadasse, on est rapidement surpris de l’intrusion de percées rock, voire punk, de déraillement de voix pré Pogues, puis des arpèges folk graciles… Sans être un chef d’œuvre, cet album est simplement réjouissant de diversité et, comme on pourrait dire aujourd’hui, de grande britanité.
Mais qui donc sont ces deux compères ? Le plus connu tout d’abord, John Otway, est un anglais de Aylesbury, né en 1952, et qui au fil des décennies, s’est fait un sacré fan club local, notamment grâce à ses nombreuses tournées. Ici un portait de lui en 1978, soit peu de temps après l’album
Wild Willy Barrett vient de la même ville que son compère, et s’est fait connaître essentiellement avec lui. Néanmoins il fit quelques albums solos et, pendant les années 80 a exploré la musique électronique.
Les deux ont fait plusieurs albums ensemble, et ont remis ça dans les années 2000. Leur discographie ensemble et séparée, est à la fois prolixe et riche en diversité. On n’est pas loin chez eux de la liberté d’un Robert Stevie Moore, on sent bien que ce n’est pas le fait de vendre à tout prix qui guide leurs choix artistiques. Et c’est tant mieux. Car en rédigeant cette chronique d’un vinyle que j’ai trouvé pour 2 euros dans une brocante, je découvre un univers particulièrement foisonnant.
Mais revenons un instant sur ce premier album qui est en fait une compilation de chansons écrites et enregistrées entre 1971 et 1976. Quatre chansons ont été produite par Pete Townshend des Who, il y participe d’ailleurs en tant que musicien. Mais l’album ne connaît pas le succès escompté. En dépit d’un passage télé en 1977 qui propulsa le single Really Free à la place 27 des charts, ce qui fit que Polydor réédita derechef l’album et signa pour cinq.
Maintenant que votre (vos) guiness sont terminées, il ne reste plus qu’à découvrir un peu plus qu’un album qui fut le début d’une carrière pour initiés, celle de John Otway, complétée par celle encore plus confidentielle de Wild Willy Barrett, un secret qu’on a presque pas envie de partager.
L’album a été réédité en CD avec un autre Deep & Meaningless, mais il se trouve en vinyle à prix très variés.
Edit 2021 : Nous ne pouvons que vous conseiller de voir le documentaire sur ce doux dingue de John Otway, le plus grand raté du rock