Au fond, tout semble histoire de géographie. La littérature, le journalisme autour de la pop et du rock ne parlent que de ça. Dis moi d’où tu viens, je te dirais si tu es dans le coup. A condition que ce soit le bon temps. Si tu viens de Manchester en 1972 ou de San Francisco en 2004, on s’en fout. Le bon lieu au bon temps. Bon, pour la Californie, le temps fut long, et particulièrement prolifique. La Californie et Londres (ascendant Liverpool) ont jeté dans les années 60 toutes les bases de la pop et du rock pour les cinq décennies à venir. Steven Jezo-Vannier, circonscrit, sûrement à juste titre, l’époque faste de la West-coast entre 1964 et 1972. Les toujours excellentes éditions Le mot et le reste ont permis à ce fou furieux de recenser un panorama, sinon exhaustif, au moins aussi large que possible de tous les groupes et artistes de la Californie pendant ces huit ans. Et quand on dit tous, ça va jusqu’à ceux qui n’ont même pas enregistré d’albums ! Autant dire que, pour les individus de mon espèce, ou pire, ceux qui sont atteint de collectionnite aigüe, l’on vénère autant ce type qu’on peut le détester. On le déteste d’abord car il risque de nous faire dépenser beaucoup d’argent, ensuite car il nous vole la vedette en ayant découvert des raretés avant nous. On le vénère car on pense à toute la musique que l’on va pouvoir découvrir, en en sachant un peu plus sur les protagonistes.
Le rock west Coast de 1964 à 1972
Après une rapide, mais nécessaire, rétrospective générale de la musique en Californie dans les années 60, Steven Jezo-Vannier expose donc, sur près de 500 pages, de manière méthodique – et alphabétique – une ribambelle d’artistes des plus connus et emblématiques (The Doors, The Byrds, Love, Frank Zappa,….) aux plus obscurs (Jamul, The country Weather, The Bards, …). Impossible de lire ce livre d’une traite. Il faut être devant Deezer ou Spotify et écouter ce que l’auteur nous propose, lorsque cela est possible. Le travail opéré est vraiment phénoménal.
Évidemment, une telle bible, écrite par un seul auteur ne peut être sans défaut. Le principal, selon moi, est qu’il n’est pas toujours très bien écrit. Et ça se comprend. Il est très difficile d’écrire sur la musique, alors chroniquer des centaines de groupes, c’est une véritable gageure. Le style, du coup, en pâtit. Pas toujours très inspiré. Même si, pour les plus grands articles, ceux des Doors ou de Love, notamment, on sent un peu plus la flamme de l’auteur. Il se trouve que parallèlement, je lis le Nouveau dictionnaire du Rock dirigé par Michka Assayas, et dont je ferais peut-être une critique aussi ici. C’est un dictionnaire à plusieurs auteurs, et ça s’en ressent. Les articles sont bien plus souvent habités.
En fin de compte, on ne peut en vouloir à Steven Jezo-Vannier de ne pas être un surhomme. Il a écrit un livre indispensable, dans lequel on pourra piocher pendant des années pour découvrir ce que jamais, au final, nous n’aurions pu découvrir.
Quelques exemples au hasard :