Susan Christie vient prendre une place sur ce site que beaucoup lui envieraient (oui, oui) puisqu’il s’agit du premier disque chroniqué ici qui est exclusivement chanté par une femme. Il serait certes bien difficile d’établir une parité stricte, tant le monde du pop rock semble dominé par les hommes. Néanmoins, il y a toute une série de chanteuses oubliées, notamment dans le monde folk, qui ont ressurgi au début des années 2000 pour se tailler un petit succès, Vashti Bunyan et Linda Perhacs (qui ressort justement un album ces jours ci), par exemple, sans oublier les disparues Karen Dalton et Laura Nyro, pour ne citer qu’elles. A vrai dire, dans les disques disparus, il y a beaucoup de femmes. Pas spécialement étonnant, en fin de compte, tant l’industrie du disque devait être plus prompte à appliquer l’égalité des sexes dans l’éviction des artistes plutôt que de la promotion. Du coup, il y a peut-être eu dans au début des années 2000, une sorte d’engouement devant ces beautés vocales disparues. Susan Christie est un peu à part.
Susan Christie est originaire de Philadelphie, en Pennsylvanie, donc la côte est pour ceux qui, comme moi, ont besoin de réviser constamment la géographie des États-Unis.
En 1966 elle enregistre un petit hit, qui, dans un moment d’égarement, a sûrement redonné ses lettres de noblesse au kazoo, cet instrument dont on recommande l’usage qu’avec une très grande parcimonie, tant son abus peut atteindre le système nerveux de tout auditeur non entraîné. Comme en témoigne donc, ce hit admirablement nommé « I love onion ».
Bon, malgré cela, Susan Christie arrive à signer en 1970 chez Columbia label dont Lester Bang dit qu’il n’y a rien à jeter, (sûrement avant de se dédire 10 lignes plus loin). L’album Paint a Lady lui, est enregistré dans la foulée.
Oui mais voilà, Columbia considère que cet album n’est pas assez commercial. Peut-être se souviennent-il qu’ils ont sorti Oar d’Alexander Skipe Spence l’année d’avant, album qui s’est le moins vendu chez eux (du moins à l’époque). Peut-être ont -ils tout simplement été insensible à la voix de Susan Christie et à sa musique pop folk psyché.
Il y avait pourtant un single à sortir :
Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas, et il n’y a que 3 exemplaires du vinyle qui ont été pressés, même pas de quoi satisfaire la famille proche.
Pourtant, à l’écoute de cet album de huit petites chansons, on ne voit pas très bien ce qu’on pourrait lui reprocher. Les arrangements rock et cordes sont très bons, comme souvent à l’époque, les chansons tiennent bien la route et sont facile d’accès. Un titre cependant sort réellement du lot, Yesterday, Where’s My Mind? le début, parlé, susurré sur un beat presque hip hop, sent quand même bon le patchouli et la bonne beuh…
Il aura fallu 36 ans pour qu’un exemplaire de Paint a Lady atterrisse dans les mains de Keith Darcy, du label Finderskeeper qui recherchait tout ce qu’avait fait John Hill, producteur de l’album, et qui avait participé à Riders of the Mark, dont la chanson The Electronic Insides And Metal Complexion … ressemblait à Iron man de Black Sabbath. Et c’est ainsi que le monde put découvrir l’unique album de Susan Christie.
On en parle ici (en anglais)
On le trouve en version cd ici, la version vinyle est apparemment disponible sur le site du Label.