Campons le décor. Lors d’un voyage à Budapest, je buvais un verre avec ma compagne dans un bar underground comme on en trouve beaucoup dans la capitale Hongroise, en dépit (ou à cause) d’un pouvoir qui (re) devient de plus en plus totalitaire. En regardant les murs tagués de ce sous-sol à peine aménagé, buvant ma pinte au comptoir, j’avais de nouveau 20 ans. Une playlist de mp3 passait des titres que je connaissais tous plus où moins, un peu garage, un peu rock… Lorsque que soudain, j’entendis une chanson qui me semblait être sortir tout droit des années soixante, mais en même temps, ça ne collait pas. J’ai cru à un Beach Boys tardif que je n’eusse point connu. Or, j’avais l’impression d’avoir déjà entendu cette chanson. J’ai donc demandé à la serveuse, qui, fort heureusement, ne parlait pas que le hongrois, de me dire qui étaient les interprètes de cette chanson. Ce qu’elle fit, sans que je n’ai eu besoin de proférer de menaces, en m’inscrivant le titre et l’interprète sur un post-it. J’ai donc trimballé mon post-it jusqu’en France où était inscrit Bram Tchaikovsky. Je croyais à une blague.
Il n’en était rien. Bram Tchaikovsky n’a rien à voir avec Brahms, ni Tchaïkovski. Dans le civil, il s’appelle Peter Bramall. Et il y a fort à parier que vous l’avez déjà entendu. En effet, en 1977, il joue de la guitare et chante dans un groupe nommé The Motors, groupe britannique au hit mondialement connu, Airport
Airport, ce morceau qui est à ranger parmi tous ceux qu’on connait par cœur sans jamais être foutu d’en citer les interprètes. J’ai mis des décennies à savoir que c’était 10CC qui chantait I’m not in love, Mungo Jerry In the summertime, et qui d’entre vous sait que Drive est un tube de The cars ? (ce qui est pourtant logique).
Bram Tchaikovsky n’est donc pas vraiment un inconnu. Il quitte The Motors peu de temps après le succès de Airport et enregistre donc avec trois acolytes son premier album dont est tiré un presque hit, le fameux morceau entendu à Budapest : The girl of my dream qui grimpa tout de même 37ième dans les charts.
Fabuleuse chanson, dont le refrain ne peut rien annoncer d’autre que « la fille de ses rêves ».
Strange man, changed man est donc un album de Power pop, et est assez prodigieux car, même s’il frôle parfois ce que les années 80 pourront donner de pire, il ne tombe jamais dans l’excès. Grâce à des mélodies parfaitement ciselées et un arrangement péchu mais maîtrisé, cet album traverse les décennies en prenant juste ce qu’il faut comme ride. On change la production, on ralentit un peu le tempo, et on approche Bandwagonesque de Teenage Fan Club. C’est dire si j’ai été enthousiasmé par cette découverte.
Bram Tchaikovsky a réalisé 2 autres albums puis s’est retiré du circuit…
Strange Man, Changed Man a été réédité en cd en 2007 avec des inédits mais on ne le trouve plus à moins de 140 € maintenant! Le mieux est encore de se le procurer en vinyle d’occasion (ce que j’ai fait) ici
Et maintenant une performance live présentée… par notre Antoine De Caunes national
Ayé j’ai airport en tête ! Je vais la ressortir a un blind test pour gagner a coup sûr.