Les afficionados d’Alain Bashung qui sont aussi un peu digger, connaissent souvent quelques uns des premiers titres que l’artiste a enregistré entre 1966 sous divers noms. Il y a d’abord avec le « c » d’origine, ceux de Baschung, sans le prénom, puis le c tombe pour devenir Bashung, enfin, on le retrouve aussi sous David Bergen ou Monky Businness.
La plupart des 45 tours d’origine sont assez difficiles à trouver, certains sont même introuvables, même au prix fort. Bashung a toujours renié ces chansons qui ne lui ressemblent pas, et, même lorsqu’il a fait mine de vouloir les inclure dans la dernière intégrale parue de son vivant, il a prétexté des histoires de droits pour ne pas le faire.
Chloé Mons, sa veuve, a été plus opiniâtre et a réussi le tour de force de réunir absolument tous ces 45 tours plus quelques autres titres parus sur différents albums, réunis malheureusement seulement en format cd. En même temps avec 48 titres, ça aurait fait au moins un triple album.
Et alors musicalement, qu’est-ce que ça donne ? On est effectivement loin du Bashung de l’Imprudence, et même de celui de Roman Photos, son premier album paru en 1977. Tout cela est gentiment daté et suranné, mais dans la production française de l’époque, ça n’est pas franchement le pire.
Les trois premiers EP parus en 1966 et 67 sont ceux qui s’en sortent le mieux, et il y a bien quelques morceaux qui auraient pu atterrir sur des compilations nommés parfois avec excès « psychédéliques » ou « garage » français (Opéra cosmique et T’as qu’à dire yeah par exemple) D’autres titres, disons-le carrément, peuvent être franchement insupportables. Les Romantiques, seul titre à avoir pourtant eu une place dans un classement, est particulièrement infecte.
Ce qui est vraiment étonnant, c’est le manque totale de cohérence de l’ensemble. Comme si à chaque single, ou Ep, Bashung tentait là un style de voix, là un style de musique. Un errance qui dénote avec l’œuvre si singulière de sa deuxième partie de carrière.
Reste que l’on ne peut pas être indifférent aux multiples transformations de voix (faute de trouver sa voie), tantôt crooner, tant rockeur, tantôt espiègle… mais toujours avec un chant parfaitement maîtrisé.
Une curiosité qui ravira les fans, et pourra attirer quelques curieux . Le livret du cd est, en outre, plutôt bien fait.
De Baschung à Bashung 1966-1975 – Barclay